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Pour que les mairies laissent place à des solutions constructives pour celles et ceux qui font vivre et cultivent notre territoire
Les habitant·es et paysan·nes de la zone anciennement convoitée par le projet d’aéroport du Grand Ouest font aujourd’hui l’objet de diverses attaques basées sur des propos incriminants et largement erronés de la part des maires de Vigneux-de-Bretagne et Notre-Dame-des-Landes.
Nous – membres d’associations, de syndicats et organisations agricoles, d’amaps, parents d’élèves, habitant·es des communes voisines – considérons au contraire que ces habitant·es apportent une dynamique fort bénéfique à notre territoire. Nous nous inquiétons des obstructions aujourd’hui faites à leur régularisation par ces communes et regrettons les tensions suscitées par les menaces de procédures judiciaires et d’expulsion.
Alors que ces habitant·es et paysan·nes de la zad ont signé en ce début d’année 2025 un premier lot de baux emphytéotiques sur une série de bâtis avec le département, nous appelons à lever les obstacles en terme de raccordements et permis pour les autres bâtis.
Nous souhaitons pointer les solutions possibles et bénéfiques à cette situation exception- nelle, autant pour les communes que pour les habitant·es et paysan·nes visé·es.
Ce que les habitant·es de l’ancienne zad apportent à la vie des communes
Nous n’oublions pas que toutes ces personnes ont fortement contribué à nous protéger des nombreuses nuisances qui auraient été engendrées par le projet d’aéroport et à préserver l’environnement de nos communes. Elles vivent depuis des années ici, y ont rebâti et entretenu les maisons démolies par les forces de l’ordre, et mettent en œuvre des expériences écologiques et sociales inspirantes. Leur choix de rester habiter là tient à un attachement profond à ce territoire. Elles sont pour nous des voisin·es, des collègues de travail, des ami·es, des client·es, les parents des ami·es de nos enfants que nous croisons tous les jours à la sortie de l’école. Nous ne pouvons concevoir que ces personnes soient de nouveau menacées d’expulsion demain.
Alors que l’on s’alerte aujourd’hui du manque de vocations agricoles, les habitant·es de l’ancienne zad ont développé depuis 2018 une vingtaine d’installations paysannes. Ces fermes agro-écologiques entretiennent le bocage et nous épargnent des intrants chimiques qui altèrent trop souvent notre santé, les ressources en eau et les terres des communes. Elles favorisent la biodiversité avec l’appui d’associations naturalistes. Elles alimentent les circuits courts, amaps, magasins de proximité et marchés que nous fréquentons. Elles accueillent des stagiaires et embauchent des travailleurs et travailleuses en saison.
Comme beaucoup de territoires ruraux, l’ancienne zad n’est pas habitée par ses seul·es agriculteurs et agricultrices. Elle est rendue riche et vivante également par l’arrivée, ces 15 dernières années, de nombreuses personnes aux multiples compétences et par leurs activités : gestion forestière en filière locale, fabrication de plaques isolantes en paille ou chanvre, confection de galettes et crêpes, conserverie, brasserie, boulangerie, architecture, charpente, couverture, élagage, bûcheronnage, soin à domicile, traiteur, mécanique, forge, métallurgie, imprimerie, sérigraphie, ateliers d’artisanat et autres interventions à l’écomusée, colonies de vacances et accueil périscolaire (…) Passionné·es par leur métier, beaucoup proposent des espaces de formation, des chantiers participatifs.
C’est aussi un endroit dense culturellement : bibliothèque du Taslu, salles séminaires, projections, spectacles, résidences artistiques débats et expositions, balades naturalistes, etc… Les lieux qui permettent ces activités ont toute leur place dans un territoire rural vivant et nous avons le plaisir de pouvoir en bénéficier.
Les obstacles posés par les mairies à la régularisation
Depuis plus de cinq ans, ces habitant·es et paysan·nes travaillent avec le Conseil Départemental (CD44) et l’État à la régularisation des terres, des bâtis, des habitats et des activités sur l’ancienne zad, étape par étape. Des baux agricoles ont pu être signés sur une partie du foncier, et des statuts en lien avec leurs activités ont été obtenus. Le CD44, resté propriétaire de la majorité des terres et bâtis à ce jour, vient de signer une première série de baux avec les habitant·es des longères historiques ainsi qu’avec celles et ceux qui bénéficient de permis de construire (pc) sur des maisons détruites par le projet d’aéroport et constructions plus nouvelles.
Mais il est toujours fait obstruction, notamment par la mairie de Vigneux-de-Bretagne, à l’obtention de pc ou de raccordements réseaux (eau et électricité) sur un certain nombre d’habitats. Dès lors la régularisation de ces habitant·es de longue date est bloquée.
Il existe pourtant diverses solutions adaptées aux règles de l’urbanisme pour peu que le dialogue s’ouvre enfin :
→→ Permis pour reconstruction : Alors que Jean-Paul Naud a permis la reconstruction de certains des nombreuses fermes et habitats détruits du fait du projet d’aéroport sur sa commune, Gwenola Franco a jusqu’ici refusé les permis liés à ce type de reconstructions. Ce type de reconstructions « à l’identique » sont pourtant autorisées par les règles d’urbanisme dans ce genre de cas.
→→ STECAL : Il y a également sur la zad des expériences de construction d’habitats légers, réversibles et biosourcés. Cette démarche innovante nous semble une piste précieuse face à une crise du logement de plus en plus criante, et notamment au manque de logements sociaux. Ce type de solutions écologiques fait d’ailleurs l’objet d’un intérêt croissant de certaines communes de la CCEG. Des cadres (stecal) existent aujourd’hui pour les régulariser dans le respect du droit de l’urbanisme. Les habitant·es concerné·es les ont fait valoir sans résultat à ce jour.
→→ Logements paysans : Alors que partout ailleurs en France, les fermes disparaissent, le mouvement anti-aéroport a permis de nombreuses installations agricoles sur la zad. C’est une chance ! Pourtant, la possibilité de PC pour des logements sociaux paysans prévus dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) pour certain·es des agriculteur·ices installé·es semble aussi bloquée à ce jour par les maires alors qu’elle est aujourd’hui soutenue par le département. Les exploitant·es agricoles concerné·es ne peuvent donc ni terminer leur installation, ni stabiliser leur projet, et sont ainsi maintenu·es dans la précarité. À l’heure où l’on reprend conscience des difficultés du métier de paysan·ne autant que de son caractère essentiel pour tous et toutes, nous trouvons impensable que des obstacles supplémentaires s’imposent à ces nouveaux et nouvelles installé·es sous prétexte que leurs fermes sont sur le périmètre de l’ancienne zad. Nous nous inquiétons du fait que ces paysan.nes puissent tenir longtemps dans ces conditions.
Nous pointons la responsabilité qu’ont aujourd’hui plus que jamais les communes rurales, dans le cadre de leur domaine de compétences, à faciliter elles aussi les installations agricoles. Ce type de logements paysans sur le temps d’une carrière, avec l’appui d’un bailleur social, permet de répondre à un enjeu aujourd’hui critique : faciliter les bonnes conditions de transmission des fermes.
→→ Contre une vision de la campagne avec des agriculteur·ices isolé·es, nous
considérons que les autres habitant·es du bocage sont tout aussi légitimes à rester vivre ici et à maintenir leurs activités sur nos communes, communes qui par ailleurs n’ont cessé de s’agrandir après la fin du projet d’aéroport. Pourtant, le PLUI rédigé après l’abandon a fait comme si tous·tes ces habitant·es, leurs bâtiments, leurs pratiques – artisanales, sociales, culturelles, naturalistes, forestières,(…) – n’existaient pas et n’avaient pas lieu d’être.
Renouer le dialogue plutôt que de faire ressurgir un climat de tension
Le caractère exceptionnel de ce qui s’est produit sur le territoire anciennement menacé par l’aéroport, l’installation durable de dizaines de personnes à une époque où toute demande de permis était impossible, demande aujourd’hui une réadaptation. Elle nécessite une prise en compte de la réalité de ce territoire plutôt qu’une politique de déni et de rejet.
Les appels publics récents des maires de Notre-dame-des-landes ou Vigneux de Bretagne à « libération » ou destruction d’habitats, les procédures engagées sont à ce titre absolument déplacés. Personne sur ce territoire ne devrait avoir envie ni intérêt à revivre des moments de tensions et une présence policière telle que nous avons pu la connaître il y a quelques années.
Nous considérons que les procédures de criminalisation et de stigmatisation médiatique doivent cesser.
Nous plaidons aujourd’hui pour que les communes acceptent de s’ouvrir, avec les premier·ères concerné·es, à un dialogue constructif sur les différentes possibilités de régularisation des habitats et bâtis de l’ancienne zad et sur le maintien des activités agricoles, mais aussi artisanales, culturelles et sociales.
Nous demandons à ce que le Conseil Départemental, en tant que propriétaire, continue d’œuvrer constructivement en ce sens en appuyant les communes, de manière à sortir des situations d’impasse et à entrer en cohérence avec son projet agricole, social et environnemental.
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